Complémentation Catalytique

La Complémentation catalytique
Disponibilité du fourrage.
La saison sèche, c’est une saison réputée difficile pour les animaux dans les pays au sud du Sahara à l’image du Burkina Faso. C’est une période critique pour le bétail qui perd ou qui prend du poids selon les variations des fourrages disponibles.
Les animaux qui perdent de poids pendant cette période de soudure due à l’insuffisance de fourrages prendraient du temps à se reconstituer. Cela constitue un grand désavantage du point de vue de la productivité du bétail. Afin d’élever le bétail de façon optimum, il est nécessaire de prendre les dispositions utiles pour combler ces écarts de volume de fourrage et à le rendre équilibré tout au long de cette période critique.
Cela est bien possible par les changements que nous pouvons constater ça et là avec l’avènement de l’Agrobusiness qui se matérialise par des investissements conséquents du point de vue infrastructurel des projets structurants.

Cela exige pour l’éleveur de prendre en compte d’un certain nombre de mesures de sécurité alimentaire qui garantissent la disponibilité de sous-produits agricoles (tiges, son, etc.), en les conservant pour la saison sèche. Il en est de même que le foin (les herbes sauvages / pailles de brousses et autres graminées qui poussent pendant la saison humide) fauché, séché et conservé afin d’être fournis au bétail pendant la saison sèche. L’approvisionnement équilibré en fourrage augmente le taux de reproduction du bétail.
Le fourrage à l’état surtout les sous produits agricoles tels que les tiges et autres fourrages ne sont riches en minéraux dont il faut faire des apports en compléments minéraux.
Les minéraux comme le calcium ou le phosphore ne se trouvent toujours pas en quantité suffisante dans le fourrage que les animaux consomment chaque jour. C’est pour combler ce déficit que l’éleveur est appelé à servir à ses animaux la pierre ou le bloc à lécher. Le bloc à lécher est un complément minéral. Tous les ingrédients utilisés (sel de cuisine, ciment, carbonate de calcium, farine d’os ou coquille…) sont des sources de minéraux. Cependant ces ingrédients ne se trouvent pas partout et pas au même prix. Nous vous proposons des recettes, dans le souci de permettre aux éleveurs de choisir celle qui leur paraît la plus facile et la moins chère.
La filière au Burkina Faso.
On observe depuis quelques années une intensification de l’élevage partout au Burkina Faso. Un métier et un savoir faire qui, jadis était réservé aux peuls, l’élevage est devenu une activité développée par toutes les couches sociales et ethnies au Burkina Faso.
L’engouement autour de cette activité pastorale est tel que on observe des sites d’élevages qui se développent un peu partout dans les centres urbains au sein des parcelles à usage d’habitation et surtout dans les périphéries aux alentours des villes. Cela se justifie par le fait que les centres urbains sont des marchés de consommations qui expriment des besoins de plus en plus élevés en viande, en lait et autres produits issus de l’élevage.
La prolifération de ces sites d’élevages dans les centres urbains est telle que les conditions d’élevage et d’alimentation des animaux sont précaires. Ainsi, il n’est pas rare de voir des animaux qui errent et se nourrissent dans les immondices et consomment même des sachets plastiques et autres emballages laissés à leurs portées.
Il est a noté également que l’engouement autour de l’agrobusiness a emmené certains promoteurs à exercer le métier dans des sites dédiés à cet effet, il s’agit des fermes pastorales.
Qu’il soit développé dans les sites dédiés ou dans les sites périurbains, l’activité d’élevage se résume à la disponibilité :
- D’un environnement adéquat ;
- Des aliments de base variés ;
- Des complémentations ;
- Des prophylaxies nécessaires ;
- Et surtout de l’eau potable.
Pendant la saison hivernale, les animaux nourris des herbes fraiches y trouvent l’essentiel de leurs besoins alimentaires. La disponibilité des fourrages variés à ces périodes permettent aux animaux d’avoir un bon équilibre alimentaire, dont un bon GMQ. L’éleveur à ces périodes fournit moins d’efforts.
En saison sèche, ce fourrage en fin de cycle de vie, que ce soit des sous produits agricoles ou du foin naturel s’assèche naturellement et perd ses valeurs nutritives et cela sous la pression des vents et du soleil. Il est donc nécessaire en ces périodes que les valeurs alimentaires des aliments soient équilibrées par des supplémentations.
NB : Cet article va faire suite à un autre afin de permettre aux éleveurs chevronnés de disposer des techniques de complémentation des aliments du bétail en saison sèche par la production des blocks multi-nutritionnels en complémentation des aliments pauvres. Il permettrait également à notre avis de donner un créneau porteur pour les chasseurs des idées de création d’entreprise car cet article fera l’objet de révision.

Production de suppléments de fourrage
L’approvisionnement annuel équilibré en fourrage, ainsi que le maintien d’une alimentation balancée en fourrage sont importants pour l’intensification de l’élevage. En saison sèche la croissance du bétail est entravée par l’insuffisance en minéraux et qu’il est nécessaire qu’il soit fournit, outre le fourrage naturel, un supplément en minéraux essentiels. Pour cela, un des moyens consiste à fournir aux animaux des blocs nutritifs en tant que supplément de fourrage.
La physiologie digestive des bovins adultes.
Les bovins sont des ruminants au même titre que les ovins et caprins. Ils sont caractérisés par une physiologie digestive particulière qui leur permet de digérer des éléments végétaux non digestibles par d’autres espèces comme les chevaux ou les ânes.
Les ruminants ont quatre estomacs : dans l’ordre de passage des aliments, le rumen (ou panse), le réseau, le feuillet et la caillette.
Lorsqu’ils mangent, les aliments sont mâchés et mélangés à la salive puis avalés. Ils arrivent dans le rumen d’un volume d’une centaine de litres chez les zébus. Le rumen est le siège de nombreuses contractions musculaires qui permettent de brasser son contenu.
La partie contenant le plus de longues fibres est alors repoussée en avant vers le cardia (zone où débouche l’œsophage dans le rumen) afin d’être régurgitée vers la bouche puis remâchée et mélangée à la salive ;
La partie la plus fine est envoyée vers le feuillet via le réseau et enfin vers la caillette.
La caillette est l’estomac de la digestion chimique correspondant à l’estomac humain.
Toute la particularité des ruminants réside dans la digestion microbienne au niveau du rumen. En effet le rumen fonctionne comme une grosse cuve à fermentation grâce aux microorganismes qui y vivent. Ce sont ces bactéries et protozoaires qui assimilent les éléments non directement digestibles et les transforment en acides gras volatils (AGV) directement absorbés par la paroi du rumen et en protéines qui entrent dans la composition des bactéries. Ces protéines sont alors digestibles dans la caillette, puis absorbées dans l’intestin.
On comprend alors que plus le bovin aura une faune et flore (protozoaires et bactéries) importantes et mieux il digèrera des aliments pauvres en protéines ou en énergie directement assimilable.
Caractéristiques des fourrages pauvres.
Les graminées annuelles et pérennes des pâturages naturels, pâturées en saison sèche à un stade souvent tardif, ainsi que les pailles et les tiges de céréales sont des fourrages pauvres, caractérisés par des teneurs élevées en parois lignifiées et des teneurs très faibles en azote, en minéraux et en sucres facilement assimilables.
Ces fourrages pauvres présentent trois inconvénients majeurs sur le plan nutritionnel :
Une teneur élevée en fibres. La cellulose est le constituant structural le plus abondant qui, avec la lignine, affecte négativement la digestibilité ;
Une faible valeur azotée. Les résidus de culture sont pauvres en matières azotées totales. Il en est de même des graminées natives pérennes (pailles de brousse, foin) dont la teneur en matières azotées totales diminue fortement avec l’âge ;
Une valeur minérale et vitaminique très faible. En effet tous ces fourrages présentent une carence aiguë en minéraux, aussi bien en macro-éléments (Ca, P, Na) qu’en oligo-éléments et en vitamines.
La paille de riz par exemple a les caractéristiques suivantes :
90% de matière sèche ;
Cellulose brute : 35-40% de la matière sèche ;
Matière azotée totale : seulement 3 à 7 % de la matière sèche ;
Digestibilité : 30-35% de la matière sèche.
A cause de leur richesse en fibres végétales et de leur carence azotée, les fourrages tropicaux ont une faible digestibilité et particulièrement leurs tiges (donc les pailles). De plus, les parois lignifiées résistent longtemps à la dégradation microbienne et à la mastication; digérées lentement, elles vont ainsi encombrer le rumen et ne sont donc ingérées qu’en faibles quantités. Distribués seuls à l’animal, les fourrages pauvres ne permettent généralement pas de couvrir ses besoins d’entretien.
Intérêt de la complémentation catalytique.
Pour que les micro-organismes puissent se multiplier et jouer pleinement leur rôle il est nécessaire de leur fournir les éléments manquants dans les fourrages. C’est ce qu’on appelle la complémentation catalytique.
Celle-ci a des conséquences sur les quantités ingérées et sur la digestibilité, donc sur la valeur alimentaire ; ainsi, le respect des conditions permettant de favoriser la cellulolyse (apport régulier d’azote, de minéraux et de vitamines) va faciliter la prolifération des micro-organismes et accélérer leur travail de dégradation des parois du fourrage. La libération des éléments digestibles et leur mise à la disposition des microbes vont également être plus rapides et plus intenses. Il va en résulter :
Une optimisation des processus de fermentation et, par là, une expression de la digestibilité réelle ou potentielle du fourrage ;
Une augmentation des quantités de fourrage que l’animal va pouvoir volontairement ingérer. En effet, la fermentation plus rapide des fourrages favorise leur réduction en fines particules, entraînant un transit accru et un encombrement du rumen moins important.
L’urée est la source de choix lorsqu’on ne dispose pas de ressources azotées locales comme la mélasse de canne à sucre à défaut des fientes pures de volailles ; c’est elle qui génère l’ammoniac nécessaire à la synthèse microbienne. En effet l’apport direct d’ammoniac n’est pas possible, car l’ammoniac est dangereux à utiliser et est toxique. Il convient donc d’apporter de l’urée sous une forme qui limite son ingestion trop rapide. Ceci peut prendre la forme de blocs multi-nutritionnels.